À propos de divers événements survenus sur la place d’un village paisible


Extrait d’un journal local :

« (…) Les habitants de la commune ont été entendus, leurs dépositions enregistrées. À l’exposé des fait, on n’a pu obtenir de leur part qu’une seule remarque, pour le moins élusive.

Le garagiste. — Cela ne peut être qu’un baragouin, des mensonges.

L’idiot du village. — Ceci est véritablement un compte-rendu véritable.

Le maire du bourg d’à côté. — C’est véritablement un récit incorrect.

L’érudit local. — Notez : la chose évoquée ne constitue pas un rapport invalide.

Le bistrotier de la place. — La chose dont nous parlons est un compte-rendu précis, mais je n’en sais pas plus.

L’aubergiste. — La chose qui se raconte ne constitue pas une narration exacte.

L’apothicaire. — Ce qui suit ne saurait être un conte incorrect.

Quoi qu’aient pu tenter les enquêteurs, chacun de ces individus, au caractère certainement assez borné, s’en est tenu à ces remarques succinctes.

Peu de temps après l’interrogatoire, un second drame a eu lieu : sans crier gare, l’idiot (qui réside rue des Lilas dans la maison de sa tante) s’est jeté sur la personne du garagiste, homme d’une cinquantaine d’années, avec tant d’énergie et si soudainement que le pauvre homme en est tombé à la renverse et s’est frappé la tête au rebord du trottoir. On est accouru aussitôt : l’agresseur enserrait de toutes ses forces sa victime à terre comme pour l’étrangler, le mordant même au visage avec une rage peu commune, si bien qu’on a eu de la peine à le dégager. Le pauvre homme est à présent aux urgences hospitalières de la ville de ***, où le traumatisme crânien a été constaté, et où l’on craint pour sa vie. L’idiot a pu être maîtrisé. (…) »


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